domingo, 23 de enero de 2011

Amaury-Duval / Baudelaire






















La belleza 
   
Yo soy bella, ¡oh mortales! , como un sueño de piedra.
Mi seno -donde el hombre se desangra y expira-
Mudo, infinito amor al poeta le inspira,
Coronada de rosas lo mismo que de yedra.

Campea en el azul -esfinge impenetrable-:
Bajo alburas de cisne llevo un alma de nieve;
Odio los movimientos que las líneas remueve;
Lo mismo ignoro el llanto que la risa inefable.

Los poetas, absortos frente a mis actitudes
-Que asumidas parecen de altivas magnitudes-
Consumirán sus días sondando las edades;

Que tengo para embrujo de amadores tan fieles,
-Espejos que trasmutan las guijas en joyeles-
Mis ojos, grandes ojos, de eternas claridades.
Versión de Carlos López Narváez

Versión original:

La Beauté
Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!






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